Zones humides: un bilan désastreux en 2010

Le Maroc étant un pays signataire de la convention internationale pour la protection des zones humides ainsi que celle de la nature et des oiseaux migrateurs est tenu de protéger ces zones qui représente un grand intérêt pour la biodiversité et les oiseaux migrateurs.
Par ailleurs le Maroc se vante d’être parmi les pays respectueux de l’environnement et s’est engagé dans un processus depuis 2009 pour l’élaboration d’une charte nationale pour l’environnement et le développement durable.
Il est tout à fait légitime de se poser la question de voir si ces déclarations officielles se répercutent sur sur le terrain et dans la réalité ou bien ils représentent seulement des slogans pour se faire une image virtuelle de notre pays en matière de respect de l’environnement et de protection de notre patrimoine naturel.
En analysant la situation qui prévaut dans trois zones humides parmi les plus importante au Maroc : la Moulouya, Oued Chbika et Lagune Smir, nous pouvons démontrer sans équivoque que le Gouvernement Marocain n’a aucun respect vers zones humides et ne leur accorde pas leur juste valeur éco systémique et ne perçoit pas leurs services rendus à la population.
Cas de la zone humide de l’embouchure de la Moulouya
La zone humide de la Moulouya a été fortement impactée par le projet de tourisme non durable qui a été implanté à son voisinage immédiat et les infrastructures qui ont été réalisées sans étude d’impacts environnementales. Ces infrastructures comme la route d’évitement ou le canal d’évacuation des crues ont perturbé les systèmes hydrauliques de la zone et fragmenté les habitats.
Ainsi cette zone humide classée comme Site d’Intérêt biologique et écologique et comme site Ramsar, risque le dessèchement et l’eutrophisation. Cet état a été sanctionné par la conférence internationale sur la biodiversité (CIB) tenue en octobre 2010 à Nagoya au Japan qui a décerné le Prix Globe Gris à la ZH de l’embouchure de la Moulouya pour attirer l’attention des responsables marocains sur la situation désastreuse de cette ZH.
Cas d’Oued Chbika (site Ramsar)
La zone humide de Oued Chbika situé à 50 Km de Tan Tan au sud du Maroc, a été sacrifiée pour le développement non durable du tourisme.
Cette zone représente un important refuge pour les oiseaux migrateurs en provenance de l’Europe en se dirigeant vers le sud de l’Afrique et vis versa.
Ainsi les différents écosystèmes et les sites archéologiques existant dans cette zone humide depuis des millénaires seront remplacés par des hôtels cinq étoiles, des terrains de Golf, des résidences et des villas touristiques et des riads pour héberger les riches touristes au détriment des oiseaux et de notre patrimoine naturel.
Ce qui s’est passé à Moulouya et à Oued Chbika est entrain de se dérouler à Lagune Smir à quelque Km de Tétouan et de la ville de M’diak au Nord du Maroc et revêt une importance capital pour les oiseaux migrateurs et représente une importance capitale pour les oiseaux migrateurs et représente le premier parking pour les oiseaux migrateurs ayant traversé la Méditerranée et qui ont besoin de se reposer pour reprendre leur périple vers le sud.
La Lagune Smir qui représente un grand intérêt aux yeux des scientifiques et des chercheurs et des ornithologues, est entrains d’être transformée en village touristique avec ses hôtels cinq étoiles, ses tarrains de Golf 18 trous, ses villas luxueuses, ses résidences haut standing, sa marina pour le profit des privés et des particuliers avec la bénédiction du Gouvernement du Maroc.
Il va sans dire que ces exemples démontrent la véritable politique du Maroc non respectueuse de l’environnement qui cherche le profit pécunier d’une minorité de riche qui ne cherchent qu’à s’enrichir et fructifier leur compte bancaire au détriment de notre patrimoine naturel et au détriment des populations avifaunes, de la biodiversité et des écosystèmes des zones humides.
Nous pouvons confirmer sans risque de nous tromper que la charte nationale pour l’environnement et le développement durable lancée par le Maroc, n’est qu’un slogan vide e sens et non fondée sur une conviction politique sereine visant à faire de l’environnement une priorité.
Le retard dans la promulgation de la Loi Littoral depuis 2003 et l’adoption de la charte nationale pour le développement depuis 2009 prouve que le gouvernement du Maroc et sous l’emprise du lobbies de l’immobilier et du foncier qui bloque l’avancée vers un Maroc respectueux de son environnement et son patrimoine naturel.

Mohamed Benata, Militant écologiste

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